On fait beaucoup de bruit à l’extérieur au sujet de la détention provisoire de Sylvia Bongo et son fils Noureddin. L’objectif est que les autorités de la transition aient peur que leur image soit salie et que, en conséquence, elles les libèrent, quitte à susciter le courroux des Gabonais à la veille de la présidentielle. Non, il n’y a pas lieu de céder à cette forme de pression internationale mal ficelée. La détention provisoire (ou détention préventive) est une règle de droit. Le plus important est que, conformément à la loi gabonaise, elle ne dure pas plus de deux ans. Même si sous le régime déchu des gens ont connu des détentions préventives au-delà de la norme, il n’est pas question de répéter la violation de la loi, au motif que nous avons affaire à d’anciens tortionnaires.
Non, il ne faut pas céder à la pression. Il suffit de veiller à ce que les principes soient respectés, comme l’interdiction de traitements dégradants et inhumains. On prétend que la mère et le fils sont victimes de tortures. Mais enfin, sortez en les preuves ! Après le dépôt d’une plainte en France et le tapage médiatique consécutif, des avocats ont été autorisés à rencontrer les deux précieux détenus. Heureux ceux qui ont la nationalité de l’ancienne puissance colonisatrice ! Aucune preuve n’a été brandie. Quand on connaît les méthodes des avocats, si preuves il y avait, elles auraient été exposées au cours d’une conférence de presse et tous les canaux de communication en seraient inondés. Le consulat de France au Gabon non plus ne produit pas de preuves de traitements inhumains. La thèse de tortures est peu crédible parce que le commandant en chef de la sécurité pénitentiaire est bien conscient que si les faits étaient avérés, ils mettraient à mal son frère d’armes à la tête de la transition.
L’autre principe auquel il faut veiller, c’est la présomption d’innocence. Les instructions doivent être menées à charge et à décharge, pour éviter les procès bancals comme ceux auxquels les Gabonais ont eu droit s’agissant des anciens membres de la galaxie Noureddin tombés en disgrâce. Même si le commun des mortels sait, ne serait-ce que par intuition, que Sylvia Bongo dirigeait le Gabon à partir d’octobre 2018, de façon illégale et illégitime, il faudra des preuves formelles. Quant au fils, en violation de la Constitution, il avait été nommé président bis. Le coordinateur général des affaires présidentielles secondait le chef de l’exécutif en tout et pour tout. Il doit pouvoir répondre de sa gestion.
Cette pression exercée sur le chef de l’Etat donne raison aux autorités actuelles, qui ont avancé le calendrier de la transition, dont il faut effectivement vite sortir parce que certains lobbies tentent de se servir du manque de légalité des autorités pour les fragiliser et, comble de l’indécence, les minimiser. Les lobbyistes qui sont dans le déni de l’onction populaire qui s’est manifestée le 30 août 2023 et confirmée lors du référendum du 16 novembre dernier en auront pour leurs frais au soir du 12 avril prochain, quand les Gabonais vont plébisciter Brice Clotaire Oligui Nguema à l’issue de la première élection présidentielle démocratique de ces trente dernières années. Un président de la République jouissant de la légalité et de la légitimité ne cède pas à la pression d’un groupuscule. A quelque chose malheur est bon, les lobbyistes vont renforcer le général Oligui Nguema, alors qu’ils veulent l’affaiblir.
En attendant le 12 avril, nous ne céderons pas à la pression. Gargantua peut toujours faire ses simulacres de grève de la faim. Il perdrait un peu de poids, ce qui lui fut naguère conseillé par ses médecins.
Martial Idoundou
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