André Assou Ello
Dans un communiqué de presse du 22 Mai 2025 à Radio Gabon, suite à un accident de circulation qui a eu lieu au Pk 9 faisant une énième victime, le Ministre d’Etat, Ministre des Transports, de la Marine Marchande et de la Logistique, a décidé d’aller en guerre contre les automobilistes .
Pour se faire, il vient de mettre en place une batterie de mesures dont les plus importantes sont:
-1 à 2 mois d’emprisonnement et/ou 25000F à 50.000FCFA d’amende, pour les faits moins graves.
-5 à 12 mois d’emprisonnement et/ou 200.000 à 300.000FCFA d’amende pour les faits plus graves.
Par ailleurs, certaines infractions sont susceptibles d’entrainer la suspension du permis de conduire.
Et ce, nonobstant le fait que le code de procédure pénale Gabonais en ses articles 238 et 239 ne va pas dans le même sens.
A l’analyse des faits, nous constatons avec beaucoup d’amertume que le Ministre fait une lecture hémifaciale et aérienne de la situation plus qu’éclipsant volontairement la responsabilité de l’Etat d’une importante part et d’autre part des piétons.
Car, les pays développés qui l’ont inspiré dans la prise des mesures sus-évoquées, notamment celles concernant la suspension du permis de conduire, ont mis en place une réelle politique en matière d’infrastructures routières et des juridictions fiables en la matière, toute chose qui est contraire aux réactions émotionnelles du Ministre des Transports, sur une question aussi paralysante dans un Etat de droit, relative à la libre-circulation des personnes et des biens pourtant consacrée dans la constitution de la Vème République.
En clair, avant de s’attaquer anarchiquement et de façon incontrôlée aux automobilistes, qui ne sont autres que des citoyens Gabonais dans leur grande majorité, le Ministre d’Etat gagnerait à veiller sur la mise en œuvre des politiques de sécurité des infrastructures routières. C’est à dire la construction des routes sur l’étendue du territoire national, avec des panneaux de signalisation marquage au sol, les intersections, accotements, glissières, des passages piétons, des trottoirs avec l’éclairage public normés.
Par ailleurs, une véritable politique routière devrait être mise en place par les autorités de la Ve République, tels que:
-un groupe technique pour la sécurité routière, une administration routière, des cours d’éducation routière dans les différentes chaines nationales.
Dans ce cadre, il est à noter que les pays développés, réellement affectés par le nombre de morts sur les routes ont créé la Conférence Européenne des Directeurs de routes dont l’objectif vise à créer des ‘’routes qui pardonnent’’ afin de laisser une marge de manœuvre tant aux automobilistes qu’aux piétons.
Aussi, le Ministre des Transports devrait-il comprendre que la suspension du permis de conduire ne répond à aucune loi en République Gabonaise. Par conséquent, inciter les agents des Forces de l’Ordre à traquer les automobilistes dans ce sens relève de l’abus d’autorité et de la tyrannie. De ce fait, il est recommandé aux autorités de la Ve République d’élaborer les textes de loi en la matière, arrimer les routes Gabonaises aux standards internationaux, et d’éduquer la population en matière d’insécurité routière, pour l’essor de tous vers la félicité.
André Assou Ello, Professeur des Sciences Politiques, Ministre Plénipotentiaire.
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